Ville populaire, Bruxelles a été confrontée dans les années 1960 à une profonde mutation architecturale voulue par les décideurs publiques. Un des buts premiers était d’accueillir les institutions européennes.

Pour se faire, de nombreux quartiers ont été détruits et leurs populations expulsées. Dans le quartier Bruxelles-nord, près de 15 000 personnes auront été chassées de chez elles.
Ces évènements seront à l’origine de ce qu’on appelle la bruxellisation : une urbanisation effrénée et non régulée, où les promoteurs privés ont pu agir sans contraintes, repoussant la frange la plus populaire de la population hors de la ville.

En réaction, les habitant·es se soulèvent. Dès 1969, un grand mouvement de résistance s’organise face à la menace de destruction du quartier des Marolles au profit d’un projet d’extension du Palais de Justice. Cette première grande lutte de quartier engage la création de l’ARAU, l’atelier d’action et de recherche urbaine, qui a essaimé les premiers cadres légaux en matière urbaine à Bruxelles, (et continue de promouvoir une gestion transparente des enjeux urbains bruxellois). Néanmoins, une réglementation contraignante peine à voir le jour, et les promoteurs continuent d’avoir la mainmise sur les opérations immobilières au sein de la capitale, accélérant le processus de sa gentrification.

Ainsi, malgré une forte concentration d’habitations libres et vacantes, Bruxelles est encore aujourd’hui en proie à de grosses difficultés à loger ses habitant·es.
Certain·es se retrouvent en situation de grande précarité résidentielle. D’autres se servent alors de l’espace disponible, quelques fois illégalement, pour remédier à cette absence de perspectives.

Combler le vide (2023)